Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

beurk la soupe

28 décembre 2007

contre grenelle decroissance

Contre-Grenelle de l'environnement octobre 2007

Ce texte reprend les grandes lignes du discours tenu par Paul Ariès lors du contre-Grenelle de l'environnement du 06 octobre à Lyon.

La salle étant beaucoup trop petite pour le public ce meeting a eu lieu en plein air.

« Face au Grenelle sarko-compatible, alors que le sarkozysme est non écolo-compatible : Inventons une écologie politique sarko-incompatible »
Par Paul Aries coorganisateur du contre-Grenelle de l'écologie, directeur de la rédaction du journal Le Sarkophage , auteur de « La décroissance : un nouveau projet politique » (vient juste de paraître aux éditions Golias, 370 pages) coordinateur de l'ouvrage du contre-Grenelle « Pour repolitiser l'écologie politique » (éditions Parangon)

Comment en est-on arrivé à croire que le sarkozysme puisse être écolo-compatible ?

La gauche et la droite partagent le même bilan environnemental effroyable. Ces deux systèmes ont fait tout au long du 20e siècle – au-delà de ce qui les distingue socialement – de la domination de la nature l'un des grands ressorts permettant d'assouvir leur productivisme. Ces deux systèmes se heurtent aujourd'hui à la même impasse environnementale.
La droite et la gauche ne se trouvent cependant pas dans la même situation sociale face à l'impossibilité de faire croître encore le gâteau grâce à la croissance (le PIB mondial).

Les milieux d'affaires, la droite et la gauche néolibérale ont la possibilité de rebondir en faisant payer la crise écologique aux plus pauvres (individus ou peuples). La question des agro carburants et celle des taxes sur le carbone sont à cet égard symptomatiques : choisira-t-on finalement de nourrir nos voitures (d'abord celle des riches) ou sept milliards d'humains ? Ce ? Capitalisme vert ? Est non seulement une mascarade mais une fuite en avant. Il repose sur l'idée folle qu'un peu de croissance pollue mais que beaucoup dépollue. Il nie que le système productiviste même soit en cause et ne parle que de dysfonctionnements provisoires.

La gauche ne peut aller dans cette direction. Elle reste cependant aphone faute de solder son passif en réglant son compte au productivisme et à la foi béate dans le progrès.

Parce qu'il a su réunir les opposants de l'extérieur et les dissidents de l'intérieur qui sont sans aucune illusion sur le caractère sarko-compatible du Grenelle alors que le sarkozysme est lui non écolo-compatible, le contre-Grenelle qui s'est tenu à Lyon ce samedi 6 octobre 2007 constitue un événement important pour travailler ensemble à repolitiser l'écologie. Notre grand dessein est de devenir capable de marier notre souci de justice sociale avec les contraintes environnementales mais nous savons que ce ne sera possible qu'en organisant un retour au politique et en faisant d'abord un effort de théorisation et de passage à l'acte...

Nos adversaires ont su conquérir l'opinion publique grâce à la puissance de leurs lobbies. Nous devons donc nous jeter dans cette bataille pour l'emporter de nouveau culturellement. Nous n'avons pas voulu cependant tirer de conclusions au soir du contre-Grenelle car nous savons que le travail à faire ne fait que commencer et qu'il sera nécessairement collectif.

Les propositions que nous jetons au débat sont certes insuffisantes car elles tiennent compte du rapport de force politique et idéologique mais elles sont faites pour donner à penser et à rêver, pour fissurer le ? Faux consensus ? Et pour introduire des dynamiques de rupture. Elles doivent être débattues, enrichies, modifiées mais servir aussi à développer des luttes unitaires. Ces propositions débordent le seul champ environnemental car l'écologie constitue un tout.

  1. Contre la fuite en avant techno-scientiste profitable aux seules grandes firmes, ne cédons pas sur l'exigence de moratoires durables sur les OGM, le nucléaire, les incinérateurs, les constructions d'autoroutes mais aussi les agro-carburants. Ne nous laissons pas piéger par le ? compromis bidon ? qu'on voudrait nous imposer avec l'idée d'un libre choix entre des régions avec OGM et d'autres sans.

  2. Contre la soumission de l'école aux impératifs du marché qui aboutit à en faire un lieu de formatage des forçats de la production et de la consommation, inventons une école dont la mission fondamentale serait de transmettre le dur métier d'humain, lançons aussi un grand projet éducatif, à l'instar de ce que furent les MJC, en matière d'éducation à une autre conception et pratique de la nature.

  3. Contre la pensée unique des grands médias et afin de libérer l'information de la tutelle des multinationales car on ne pourra faite de l'écologie sans transparence et sans choix entre des options différentes (option préférentielle pour les riches à la Sarkozy ou pour les pauvres) , revenons à l'application des ordonnances de 1944 sur la presse, édictées par le Conseil national de la Résistance

  4. Contre l'agression publicitaire, faisons primer le droit des usagers à être protégé sur celui des marchands à vendre leurs produits, abrogeons la circulaire Lang qui banalise la pénétration de la publicité et des marques commerciales dans les écoles, interdisons sur le modèle de la Suède la publicité télévisuelle à destination des enfants, limitons le nombre et le taille des panneaux publicitaires, allons vers des villes sans pub à l'instar de Sao Paulo, inversons la logique juridique qui veut que le protection des citoyens soit une exception et la ? pub-tréfaction ? la règle

  5. Contre l'insécurité sociale et psychologique que généralise la précarité mais aussi le salariat et qui entretient la ? fièvre acheteuse ?, adoptons le principe d'un ? revenu universel d'existence ? inconditionnel couplé à un ? revenu maximal autorisé ? permettant à chacun de vivre simplement pour que chacun puisse simplement vivre

  6. Contre le tout (auto)routier engageons des mesures décisives comme l'arrêt de la construction du réseau (auto)routier, comme la reconversion d'une partie du réseau existant en chemins de fer, en axes piétons, en pistes cyclables, en jardins potagers ou d'agrément, imposons le bridage des moteurs, interdisons la commercialisation des voitures au-dessus d'une certaine puissance, interdisons les loisirs motorisés et les courses automobiles pour leur valeur anti pédagogique

  7. Contre l'explosion des inégalités écologiques et sociales représentée par le choix d'une régulation par le marché, inventons d'autres politiques de distribution des richesses et imaginons des systèmes de tarification en fonction des types d'usages ou des quantités : pourquoi payer son eau le même prix pour faire son ménage et remplir sa piscine ? Pourquoi payer les mêmes impôts fonciers pour une résidence principale et secondaire ? Ce mécanisme peut être généralisé à l'ensemble des services publics et des biens communs sur la base de délibérations collectives

  8. Contre la généralisation de la bio-industrie, imposons le retour à une véritable norme ? bio ? respectueuse des produits, des cultures et des hommes, généralisons une restauration sociale (scolaire, entreprise, etc.) faite sur place, avec des produits ? bio ?, locaux et de saison, interdisons l'irradiation des aliments qui ne profite qu'aux acteurs de la globalisation, agriculture intensive et grande distribution

  9. Contre la délocalisation de l'économie construisons une préférence pour les marchés locaux en versant des subventions ou des aides sociales sous forme de ? monnaie locale ? comme en Allemagne, démantelons les systèmes de franchise commerciale

  10. Contre la délocalisation de toutes nos activités, interdisons les voyages scolaires lointains, recentrons le tourisme social sur le ? tourisme vert de proximité ?

  11. Contre une société globalitaire qui fait fonctionner le système juridique au profit des plus gros, remettons en cause les règles universelles qui sous prétexte d'hygiène ou de sécurité imposent partout les mêmes normes à l'ensemble des acteurs : pourquoi imposer par exemple la même méthode aux géants de la malbouffe et aux petits restaurants ? A doptons des règles différentes selon la nature réelle des dangers

  12. Contre la dictature des temps rapides sur les temps lents et des temps courts sur les temps longs, soutenons les projets de ralentissement des villes, adoptons le programme ? slow food ? pour les écoles à l'image des régions italiennes, soutenons les villes qui en adhérant au Mouvement international des villes lentes refusent de grandir, généralisons le ? droit à la nuit ? en interdisant l'éclairage public intempestif, généralisons la priorité aux TER plutôt que de construire des lignes TGV

  13. Contre l'emprise de l'économie, maintenons et renforçons l'interdiction du travail le dimanche et interdisons l'ouverture nocturne des grandes surfaces commerciales

  14. Contre l'idéologie du ? travailler plus pour gagner plus ?, reprenons le combat pour marcher vers les 32 heures en 4 jours et le droit de ? vivre et travailler au pays ?

  15. Contre les nuisances industrielles, supprimons toute aide aux pollueurs et soutenons les industries qui se reconvertissent sous forme de petites unités à production relocalisée

  16. Contre la société industrielle globalitaire, développons l'autonomie dans tous les domaines notamment énergétique, soutenons d'abord les économies d'énergie puis les énergies renouvelables à taille humaine ou coopérative

  17. Contre l'occidentalisation du monde, reconnaissons notre dette environnementale mais refusons aussi l'idée que la pauvreté justifierait la destruction de la planète

  18. Contre le double échec du capitalisme et du socialisme productivistes, ré-hiérarchisons nos systèmes juridiques pour concilier les contraintes environnementales avec notre souci de justice sociale par un nécessaire retour à la primauté du politique

  19. Contre l'écologie apolitique, repolitisons l'écologie en rendant la parole au peuple, c'est aux citoyens de décider ce qui doit être (quasi)gratuit, renchérit ou interdit, c'est aux citoyens de choisir de façon autogestionnaire quel avenir ils souhaitent

  20. Contre l'illusion de la toute-puissance sarkozyenne, jouons la carte de la démocratie, exigeons la représentation proportionnelle pour toutes les élections, faisant respecter le non cumul des mandats et adoptons le mandat impératif, optons pour un régime primo-ministériel  contre la présidentialisation et la peopolisation du pouvoir

Nous devons en finir avec le mythe de la croissance si nous voulons apprendre à concilier les contraintes environnementales avec notre souci de justice sociale par un retour au politique. Nous devons le faire sans aucun sectarisme mais avec une grande fermeté sur les principes.

Soyons les nouveaux « partageux » puisque la crise environnementale fait de nouveau de la question du partage le grand enjeu de ce 21e siècle.

L'heure n'est plus à faire grossir le gâteau mais à en changer la recette.

Que produire pour quels types d'usages socialement et écologiquement acceptables ?

Grenelle tribune octobre 2007

Le Grenelle est sarko-compatible ....mais le sarkozysme n'est pas écolo-compatible
Dix bonnes raisons de faire un contre-Grenelle de l'environnement
par Paul Ariès directeur de la rédaction du journal le Sarkophage

Nicolas Sarkozy est partout. Il voit tout. Il sait tout. Il supervise tout...
Cette toute-puissance prêtée à notre Président omniprésent nous interdit de penser que le Grenelle de l'environnement puisse être autre chose que le Grenelle de Sarkozy...
La grande question est donc de savoir si le sarkozysme serait, lui, écolo-compatible.
Le Conducator de la France est certes suffisamment fin tacticien pour que cette opération politico-médiatique accouche aussi de quelques gadgets donnant l'illusion que le jeu était ouvert, que les décisions qui seront prises finalement par le pouvoir (et lui seul) étaient les meilleures (voir les seules possibles) et qu'elles feraient consensus parmi les gens sérieux. Le Grenelle officiel est donc d'abord une OPA de la droite sur l'environnement. C'est aussi une façon de délégitimer tous les opposants.
Le réquisitoire du procureur Borloo est prêt : ceux qui ne communient pas dans l'Union sacrée autour de Sarkozy, sous prétexte d'environnement, seraient des fous dangereux... Ce n'est pourtant pas par sectarisme ou jusqu'au-boutisme qu'il faut condamner ce Grenelle des dupes mais parce que le sarkozysme est incompatible avec l'écologie...

Sarkozy voulait déplacer la ligne de fracture qui sépare ceux qui croient au caractère écolo-compatible du sarkozysme et ceux qui n'y croient pas, en opposant ceux qui sont au Grenelle et ceux qui n'y sont pas, parce que non convoqués ou refusant d'y être. Il faut au contraire rapprocher les opposants de l'extérieur et les dissidents de l'intérieur qui sont sans aucune illusion sur le caractère écolo-compatible du Sarkozysme. Nous devons à la fois dénoncer certains écologistes plus jaunes que verts et refuser tout ce qui pourrait empêcher de travailler ensemble (par delà les différences) à une véritable repolitisation de l'écologie et à la construction d'un rapport de force.
Nicolas Sarkozy prétend faire de l'écologie en dehors de toute mobilisation sociale... Croire que l'effet médiatique du Pacte Hulot pourrait en tenir compte est une grave erreur et une supercherie car lui-même contribue largement à dépolitiser l'écologie. Le Grenelle de l'environnement est surtout parvenu jusqu'à ce jour à faire taire les dissensus et à réduire au silence les écologistes et environnementalistes honnêtes.
Jusqu'où faut-il accepter d'être le marchepied de Nicolas Sarkozy ?
Jusqu'où faut-il accepter de laisser croire qu'une écologie apolitique serait possible ? Jusqu'où rester sans claquer la porte... ni perdre pour autant son âme rebelle ?
Le Grenelle de l'environnement sera sarko-compatible : qui pourrait en douter...
Mais qui peut croire que le sarkozysme puisse être écolo-compatible ?
On peut avancer aisément dix preuves contraires. 

1) Le sarkozysme c'est la religion de la croissance et le culte du travail.

Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible puisqu'il est la poursuite de la religion de la croissance et la réhabilitation comme jamais du culte du travail comme fondement de la vie. Les Français appartiennent majoritairement aux  20 % d'humains qui s'approprient 86 % des ressources alors qu'aucun rattrapage n'est possible, puisque si six milliards d'humains devaient partager notre mode de vie une seule planète Terre ne suffirait pas... La croissance économique n'est donc pas la solution pour la France. Laisser croire qu'une croissance infinie puisse être possible ou nécessaire c'est donc accepter que le capitalisme, et plus largement la société de consommation, perdurent et qu'ils déploient toujours plus leur logique mortifère jusqu'à la privatisation totale du vivant. Le slogan « travailler plus pour gagner plus » est le summum de l'anti-écologisme puisqu'il enferme chacun dans son rôle de forçat du travail et de la consommation. Il inverse ce qui est de l'ordre des moyens (l'économie) et des buts (le faire société). « Travailler plus pour gagner plus » ce sera toujours plus de production, toujours plus de consommation, toujours plus de destruction de la planète, pour toujours plus de profit pour les riches et de misère pour les pauvres.   

2) Le sarkozysme c'est le déni de la situation environnementale

Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible car son intérêt soudain pour l'écologie est démentie par ses premières mesures politiques concrètes mais aussi par l'analyse des soubassements théoriques de ce qui constitue sa pensée. Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible puisque ses arguments en matière d'écologie sont fondamentalement ceux des milieux néolibéraux mondialistes.
Ils utilisent pour cela quatre cartouches pour abattre la véritable écologie.
Première cartouche : le modèle de Hotteling, du nom de cet économiste connu pour ses travaux sur les systèmes de prix. Selon ses adeptes : il suffirait  d'attribuer des valeurs monétaires aux nuisances de pollution. Les questions posées sont les suivantes : quel est le prix de la vie humaine (accidents de la route) ? Quel est le prix de la pollution sonore, visuelle, chimique ou de la disparition des espèces ? Les experts officiels ont déjà tranché en croisant plusieurs méthodes « scientifiques ». Parmi elles : l'estimation de la perte de ressource (le coût de la protection par exemple),  l'observation des conséquences monétaires d'une pollution sur un autre marché, le prix que les consommateurs seraient prêts à payer pour un meilleur environnement, le montant des dommages et intérêts consentis par des tribunaux en cas de dommage. Deuxième cartouche : Le paradoxe de Jevons utilisé contre le Pic de Hubbert. Les sarkozystes en sont intimement convaincus, grâce au progrès technique, il y aura toujours plus de matières premières, car il serait possible de dé carboniser l'économie. Troisième cartouche pour abattre ceux qui proposent d'interdire les pollutions ou même de faire payer (modestement) les pollueurs : le fameux théorème de Coase, du nom du prix Nobel d'économie 1991, Ronald Coase, qui estime qu'il serait plus efficace de laisser polluer et pollueur négocier directement entre eux, plutôt que de faire intervenir l'Etat par le biais de la fiscalité ou, pire encore de la réglementation. Le Grenelle parle ainsi d'aller vers une agriculture où chacun choisirait de faire des OGM ou pas, avec la possibilité en cas de contamination de se retourner contre les pollueurs... Quatrième cartouche que ne manque jamais d'utiliser la grande prêtresse de l'écologie gouvernementale, la polytechnicienne Nathalie Kosciusko-Morizet : les fameuses courbes en cloche, grand classique de la pensée néolibérale selon lequel La croissance loin d'être le problème, serait la solution à ses propres dysfonctionnements. Le hic c'est que ce discours qui se fonde sur des études réalisées à partir de quelques exemples (et dont les conclusions ont été publiées avec toute la prudence nécessaire dans des revues scientifiques) généralise cette « loi » sans la moindre prudence à tous les polluants…On ne peut généraliser ces correspondances, s auf bien sûr à préférer l'idéologie à la science, la magie à la connaissance, le profit à l'humanité.

3) Le sarkozysme c'est le culte de la propriété privée et l'amour des riches

Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible car il est une option préférentielle pour les riches alors qu'il ne peut y avoir de solutions à la crise environnementale qui ne soit aussi une solution à la crise sociale. On ne pourra en finir avec la domination de tous sur la planète sans remettre en cause parallèlement la domination de quelques uns sur tous les autres. Cet amour des riches n'est tout simplement pas écolo-compatible puisque le gâteau ne pouvant plus grossir la question fondamentale redevient celle du partage d'autres types de richesses : que produire pour quels types d'usages ? Que renchérir ? Qu'interdire ? La solution c'est donc toujours plus d'égalité et de démocratie, surtout pas toujours plus de propriété.

4) Le sarkozysme c'est le refus d'une redéfinition des normes juridiques.

Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible car il représente la démission du politique devant les forces financières, c'est le choix de la déréglementation tout azimut. Le pape du libéralisme moderne, Pascal Salin, enfonce le clou : pas question de laisser se (re)développer un discours étatique au nom de la défense de l'écologie... Cette approche est celle du « Free Market Environment » qui entend démontrer que le marché serait plus compétent que le service public pour défendre l'environnement. Face aux lois qui viendraient interdire certaines activités ou produits, il propose donc cinq systèmes  que le marché pourrait mettre en place afin de protéger l'environnement : la réservation, la loterie, la file d'attente, le mérite et le prix. On retrouve déjà cette foi dans les politiques incitatives par exemple en matière de réhabilitation de l'habitat ancien : mais qui peut croire que les propriétaires vont payer pour des investissements qui bénéficieront d'abord aux locataires ? Non seulement Sarkozy ne croit pas à la loi qui libère le plus faible mais pas davantage à celle qui « écologiserait » nos logiques économiques et nos comportements.      

5) Le sarkozysme c'est le choix d'un monde unipolaire

Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible puisqu'il symbolise le choix de généraliser à l'ensemble de la planète le système économique qui a fait faillite en Occident. Son discours de Dakar est  à cet égard symptomatique de cette volonté de poursuivre l'occidentalisation du monde, de nier notre responsabilité dans le pillage de l'Afrique, de refuser d'annuler la dette du tiers monde et de méconnaître notre dette écologique. Le sarkozysme c'est le choix d'imposer une pensée unique et une économie unique, c'est le fait de sommer l'Afrique de choisir notre conception de l'histoire et de la nature...

6) Le sarkozysme c'est le choix d'une écologie soi-disant apolitique

Le sarkozysme n'est pas « écolo-compatible » puisque c'est le choix d'une écologie faussement apolitique car au service des mêmes logiques et dans l'intérêt des mêmes acteurs : Le sarkozysme voudrait faire croire que la crise environnementale permettrait une « union sacrée » pour défendre la planète alors que toute sa politique prouve que son objectif est de faire payer la crise écologique aux plus pauvres et aux plus faibles.  L'écologie apolitique est un poison car l'écologie est toujours un choix de société : il y aura nécessairement des gagnants et des perdants : la question est de savoir qui….  Laissez croire que des solutions gagnant/gagnant existeraient c'est choisir le camp des dominants.  Nous choisissons nous résolument le camp des dominés et des sans-voix.

7) Le sarkozysme c'est le refus d'une vraie démocratie 

Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible car l'écologie c'est toujours plus de démocratie pour rendre aux individus et au peuple la maitrise de leurs usages. Une écologie véritable ne peut donc qu'être démocratique dans ses fins et ses moyens. Convoquer un soi-disant Grenelle en dehors de toute mobilisation sociale est une arnaque qui vise à faire avaliser les points de vue et les intérêts des dominants, c'est aussi, sous prétexte de réalisme et de consensus, faire des adversaires des gens dangereux...  Laisser croire que ce Grenelle serait démocratique alors que des questions sont taboues, que des acteurs ont été oubliées, que les grandes décisions, par exemple en matière de tout-nucléaire, sont déjà prises  est une insulte à la démocratie. Ce Grenelle a le goût de la négociation, la couleur de la négociation mais ce sera finalement une chambre d'enregistrement des options politiques, économiques et techno scientistes.

9) Le sarkozysme c'est la victoire poursuivie de la « techno-science »

Le sarkozysme n'est pas écolo-compatible car il profite du climat politique pour imposer le retour au « tout-nucléaire » mais aussi la marche forcée vers les biotechnologies (dont les agro-carburants et les OGM) et les nanotechnologies. C'est un recul considérable de la pensée  écologique telle qu'elle s'est forgée depuis trente ans et le symptôme de la reconquête idéologique réalisée par les milieux techno-scientistes, médiatiques, politiques et financiers dominants. 

10) Le sarkozysme c'est le mensonge d'un « capitalisme vert »

le sarkozysme n'est pas écolo-compatible puisque c'est la promotion d'un pseudo « capitalisme vert » qui est la solution inventée par le système productiviste pour tuer dans l'œuf toute véritable opposition et réussir dans le domaine de l'environnement ce que les milieux d'affaires ne sont jamais parvenus à faire dans le domaine social au 19e et au 20e siècles c'est-à-dire imposer leur point de vue y compris aux dominés...

Voilà les dix raisons pour lesquelles les citoyens doivent construire un nouveau rapport de force politique afin de faire triompher dans les têtes et dans les faits une véritable écologie politique capable de concilier les contraintes environnementales et le souci de justice sociale par un retour au politique.

Paul Ariès

Organisateur du Contre-Grenelle de Lyon du 6 octobre 2007 auteur de La décroissance : un nouveau projet politique (Golias, octobre 2007)
Directeur du journal le sarkophage

Publicité
Publicité
24 décembre 2007

la decroissance

avis,

A ne pas rater , une conférence de Vincent Cheynet à l'institut d'études politiques à 20h , le 31 janvier à rennes. (104 bd Duchesse Anne)

Vincent Cheynet : Directeur de la publication du journal "la décroissance"etre_etavoir

Publicité
Publicité
Publicité
Publicité